Gestion de la « crise » d’un enfant ou d’un adolescent

Visées professionnelles

La crise attaque les individus, le groupe et l'institution. Ce qui n'est pas dicible faute de capacité d'élaboration est mis en actes, dans un mouvement de sidération de la pensée, entraînant une fracture du lien à la fois intersubjectif et intrapsychique.

Le but est d'intervenir pour relancer l'élaboration et protéger le lien de cette attaque.

Dans ces moments, tout compte : la parole, l'attitude corporelle, la capacité de renoncement à la violence de l'intervenant, les affects partagés, le lien, les représentations en jeu, la compréhension de la personne en crise.

Nous situons notre travail dans la lignée d'August Aichhorn, pionnier de l'éducation spécialisée, et sur la méthode qu'il utilisait avec une population d'adolescents carencés en lien et traumatisés.

Nous traitons le passage à l'acte sous trois dynamiques : l'individu "en crise", le groupe et les adultes intervenant.

Précisons qu'il ne s'agit pas d'une formation sur la contenance physique, mais d'une transformation psychique permettant de faire évoluer la communication ; d'autres choix sont faits qui donnent la première place au lien et à l'élaboration de ce qui se met en scène.

Personnes Concernées

Tout éducateur, moniteur, cadre, psychologue, soignant - secteur handicap, psychiatrie et Protection de l'Enfance - animant des groupes ou accompagnant des individus, ayant à faire à des personnes potentiellement en crise .

Prérequis

Pas de prérequis.

Objectifs opérationnels

• Identifier différents types de crise : la crise clastique, la crise de rage narcissique, la crise prise dans une répétition actée d'origine traumatique.
• Développer une posture qui protège, qui rassure et qui contient, ou mieux, qui transforme l'excitation.
• Repérer les dynamiques en place au sein du groupe.
• Identifier le contenu non élaboré mis en scène dans la crise notamment en cas de répétition actée.
• Déterminer les actions post-crise à mettre en place.

Contenu

Le sujet en crise

• Agir ce qui ne peut pas se dire : les pathologies du lien et les carences d'élaboration chez l'Enfant et chez l'Adolescent.
• Le "trop" d'excitation et le "pas assez" de pare-excitation.
• Le psycho-trauma et ses effets.
• Élaboration / mentalisation : comment ça marche ? Comme relancer ce travail ?
• Subjectivation et désubjectivation.
• La crise clastique.
• La crise de rage.
• La crise de répétition actée d'éléments de trauma infantile non élaborés.
• L'agir comme langage : la méthode de l'interprétation en actes.

Le groupe et la crise

• Les phénomènes de groupe, les places prises dans un groupe.
• Groupalité et groupes internes : les projections des difficultés des enfants et des adolescents dans le groupe.
• Les mécanismes d'excitation des groupes.
• L'effet du trauma sur le groupe.
• Détacher un jeune d'une position "d'objet" du groupe.
• Comment le groupe peut devenir un soutien, une protection ?
• L'effet de tiers qui apaise un conflit groupal.
• Comment séparer psychiquement et/ou physiquement des jeunes en conflits sans les blesser ni psychiquement ni physiquement.

L'impact sur les professionnels : se protéger.

• L'épuisement liée au rôle de pare-excitation.
• La fatigue liée à la sidération de la pensée.
• L'effet de déliaison traumatique : le trauma vicariant.
• Renforcer la subjectivation au travail.
• S'appuyer sur la diffraction du transfert pour ne pas tout porter seul : faire exister psychiquement ses collègues et le cadre institutionnel.
• Connaître et utiliser ce qui donne beaucoup d'énergie : la relance de l'élaboration, la subjectivation et la construction du lien.

N.B. Ces points théoriques seront développés chacun sur une journée. Ils seront illustrés par des vignettes cliniques et des présentations de situations, mais surtout à partir d'un travail d'éclairage des situations vécues par les éducateurs eux-mêmes, dans une démarche qui valorise leur propre expérience et les implique davantage.

Méthodes, moyens pédagogiques, dispositif d'évaluations

• Alternance d'apports théoriques, d'études de cas et d'analyse de situations.
• Travail à partir des expériences vécues par l'équipe et de vignettes apportées par la formatrice.
• Mises en situation pour sentir l'effet de l'intervention, affiner cette dernière et prendre confiance dans la posture à tenir.
• Fiches de résumé et révision de corrigées tout au long de la formation.
• Mise en œuvre du dispositif d'évaluations incluant évaluation de la satisfaction, auto-évaluation, évaluation de l'atteinte des objectifs.

Animation

Catherine PFISTER, psychologue clinicienne, est titulaire d'un Doctorat de psychologie clinique, spécialité psychopathologie de l'Adolescent. Elle est formatrice et chargée de cours à l'Université Sorbonne Paris-Nord. Elle possède 10 ans d'expérience dans le soutien aux équipes éducatives des foyers de l'Aide Sociale à l'Enfance hébergeant des situations complexes et a plus de 16 ans d'activité professionnelle en hôpital psychiatrique, dans le soin du psycho-trauma en Italie et en Ile de France. Elle participe à des groupes de recherche sur l'effet des pratiques en institution. Elle a écrit différents articles et a contribué à plusieurs ouvrages. Sa thèse porte sur des adolescents en "situations complexes" dont les passages à l'acte se sont calmés suite à des interventions-clés de chefs de services et éducateurs de foyers de l'ASE les hébergeant.

Ou autre intervenant.e expert en fonction des disponibilités et du lieu géographique de l'intervention.