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Comprendre le fonctionnement du cerveau des enfants et adolescents en protection de l'enfance

« COMPRENDRE LE FONCTIONNEMENT DU CERVEAU DES ENFANTS ET ADOLESCENTS EN PROTECTION DE L’ENFANCE » (épisode1/3) - Erica ESTEVAN formatrice ACTIF

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CE QU’IL FAUT RETENIR :

▪ Le respect de l’enfant engage notre humanité.

« Tout être humain arrive sur terre avec la potentialité de se développer et de s’adapter à son environnement pourvu que celui-ci respecte ses besoins les plus profonds[1] ». En éduquant les enfants de la manière la plus respectueuse possible, nous engageons notre responsabilité envers l’Humanité toute entière. En effet, comme nous le dit si bien Boris Cyrulnik : « Donnez de l’affection à un enfant abandonné, ses connexions synaptiques pousseront comme du blé qu’on arrose[2] ».

▪ Le cerveau de l’enfant se caractérise par sa vulnérabilité neuro-émotionnelle.

Tant que le cerveau n’a pas atteint sa pleine maturité, les processus de régulation des émotions ne sont pas totalement fonctionnels. Cela explique les difficultés que l’enfant peut rencontrer pour contrôler ses réactions émotionnelles ou affectives. Les expériences que vit l’enfant ont un impact sur son cerveau et influencent ses réactions psycho-affectives et sociales.

▪ Un enfant ne fait pas de caprice.

Le cortex orbito-frontal (COF) étant immature, l’enfant ne parvient pas à réguler ses émotions dans l’aide d’un adulte. Il peut traverser de véritables tempêtes émotionnelles durant lesquelles il secrète des hormones de stress, nocives à haute dose.

▪ Les limites sont données avec empathie et douceur.

Punir l’enfant est nuisible et provoque chez lui la crainte de l’adulte et non le respect.

▪ La régulation des conflits est un acte éducatif.

Plusieurs études ont démontré que la manière de réguler des conflits influence fortement le comportement de l’enfant dans ses propres relations. Si l’enfant voit les adultes échanger harmonieusement, il aura des relations bien plus sereines avec ses pairs.

▪ Le jeu est bénéfique pour le développement du cerveau.

Le jeu et le plaisir qui l’accompagne, fertilisent la croissance des circuits de l’amygdale et du cortex préfrontal. Ils participent à la consolidation du cerveau. Jouer tous les jours, suffisamment longtemps, participe au développement de l’intelligence sociale, émotionnelle de l’enfant ainsi qu’à son équilibre psychologique global. À travers le jeu, l’enfant apprend le monde et se l’approprie.

▪ Le cerveau de l’adolescent se caractérise par une maturation déséquilibrée des zones cérébrales.

Comment expliquer la tendance des adolescents à prendre des risques ? Ce comportement résulte en fait de la différence de maturation de deux régions principales du cerveau : d’une part, le système limbique, qui donne naissance aux émotions et qui parvient très vite, à un stade très actif au moment de l’adolescence (amenant à une recherche de sensations et de plaisirs), et d’autre part, le cortex préfrontal impliqué dans le jugement et le contrôle des impulsions ; ce dernier subit encore de très importantes évolutions jusqu’à l’âge de vingt cinq ans, au moins.

UN PEU D’HISTOIRE…

Le fait que le mal prenne sa source dans l’enfant – dès sa naissance – est une idée très ancienne. Ce proverbe, traditionnellement attribué au Roi Salomon, en est la représentation : « La folie est ancrée dans le cœur de l’enfant ; le fouet bien appliqué l’en délivre ».

L’idée du péché originel s’est progressivement imposée, jusqu’à ce qu’elle soit dogmatisée par Saint Augustin : « Si petit et déjà si grand pécheur». Celui-ci s’adressait à un nourrisson en prononçant ces paroles ! Parallèlement, à l’intérieur du christianisme, s’est développée l’idée que l’enfant était « un animal » qu’il fallait dresser.

Or, le message de Jésus insiste au contraire sur l’innocence de l’enfant qu’il présente comme un modèle à suivre. Dans le même sens, Jean-Baptiste de La Salle, pédagogue du XVIIème siècle, recommandait « de museler l’animal rude qui sommeille dans les enfants ». À la fin du XIXème siècle, Sigmund Freud a attribué aux enfants, des pulsions d’inceste, de parricide, de meurtre ; ils sont devenus des petits « pervers polymorphes ». Il s’agit d’une idée qui est  malheureusement persistante…

En France, il a fallu attendre 1967, avec les émissions radio de Françoise Dolto, pour « commencer » à considérer que les nourrissons n’étaient pas des tubes digestifs, mais « des personnes ». En effet, il y a encore peu de temps, des opérations lourdes étaient effectuées sur des nourrissons et des jeunes enfants, sans anesthésie. Nous considérions qu’ils ne ressentaient pas la douleur. Or, nous savons aujourd’hui - de manière certaine - que le fœtus ressent la douleur au bout de quelques semaines ; il s’agit d’une douleur diffuse du fait de la fragilité de son système nerveux.

Le jeune enfant est un « mammifère » bien particulier. En effet, il faut en moyenne un an à un bébé pour accéder à la marche, du fait de l’immaturité de son cerveau.

Pour être en capacité de marcher rapidement, il devrait rester bien plus longtemps dans le ventre de sa mère. Mais la nature est bien faite ! En raison de la taille du cerveau humain et du bassin étroit des femmes, le temps de grossesse est restreint à neuf mois. Ainsi, le nouveau-né poursuit son développement à l’extérieur de la matrice maternelle ; ce qui explique son extrême fragilité et dépendance à son environnement. En effet, ses aptitudes sensorielles, sociales, langagières et motrices, se développent progressivement. Pour autant, il possède des compétences avérées, de manière précoce. À titre d’illustration, dès sa naissance, il est capable d’empathie affective, en ressentant l’état émotionnel de son entourage.

Autre exemple, le nourrisson sait que son corps est une entité distincte de son environnement ; il ne naît pas dans un état de fusion avec le monde. De nombreux psychologues ont considéré que le bébé était dans un état primaire d’autisme infantile, nageant dans une grande confusion ; les études récentes ont démontré qu’il distingue des perceptions sensorielles. Il a appris – in utéro – à reconnaître les odeurs et la voix de sa mère. Au troisième trimestre de grossesse, il suce son pouce ; une coordination main-bouche lui permet de reconnaître son corps. À partir de ces expériences précoces, il développe très tôt une connaissance de son corps que l’on nomme « le soi écologique ».

C’est aux alentours de dix-huit mois qu’il développe une conscience de lui-même et des autres. L’expérience de la tâche en démontre bien les mécanismes. Vous placez une pastille sur le front de votre enfant. Face au miroir, à partir de dix-huit mois, il l’enlèvera de son front ; associant l’image du miroir avec son propre corps. Avant cet âge, il tentera d’attraper cette pastille en tapant sur son reflet.

Le nourrisson et le jeune enfant sont doués de compétences certaines ; ils n’en restent pas moins vulnérables.En effet, dans les années 1950, John Bowlby - psychanalyste anglais - a démontré que la capacité d’attachement du nourrisson lui permet – dès sa naissance – d’effectuer « la moitié du chemin vers ses parents ». Si nous le posons sur le ventre de sa mère, il est capable de ramper vers sa poitrine pour téter. Tout se passe comme si son organisme sait qu’il ne peut pas survivre sans l’aide de ses parents ; il recherche donc leur assistance par tous les moyens possibles.

LE PETIT ENFANT : UN ÊTRE VULNERABLE ET EN CONSTRUCTION SELON LES NEUROSCIENCES AFFECTIVES

L’enfant a une plasticité cérébrale beaucoup plus grande que l’adulte ; son cerveau est capable de remodelage, de développer de nouvelles connexions ou de supprimer certains circuits… Toutes les expériences relationnelles vécues, remanient le cerveau et jouent un rôle dans l’accroissement des capacités cognitives et sociales. Pour les chercheurs en neurosciences affectives, nos expériences relationnelles laissent des empreintes physiques dans notre cerveau.

L’enfant est en apprentissage constant. Il apprend en imitant son environnement et le comportement des adultes vivant autour de lui.

Une grande partie du cerveau se forme au cours des 5 premières années de la vie, mais sa maturation se prolonge jusqu’au début de l’âge adulte. Les régions cérébrales impliquées dans la vie affective et sociale continuent leur développement tout au long de l’enfance. Les lobes temporaux et frontaux sont à la base des processus cognitifs et de la régulation des émotions.


[1] Docteur Maria Montessori (1870-1952).

[2] CYRULNIK B., 2015, Comment fonctionnent nos émotions ?, Éditions Duval, pp.29-40.

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